Martin Van Maele


Version de novembre 2014
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Introduction

C’est au détour de mes recherches sur l’histoire familiale de Jean Genet que j’ai croisé Martin Van Maele. Parmi les surprises qui résultent de mes trouvailles, la parenté de Jean Genet avec Martin Van Maele n’est pas l’une des moindres. A l’été 2013, peu après avoir découvert le décès de François Genet, le grand-père de Jean Genet, et recherchant systématiquement les actes d’état civil de la famille Genet à Paris, je découvre que l’une de ses filles, Marie Françoise, une tante de Jean Genet, a épousé le 19 février 1889, à la mairie du 16e arrondissement de Paris, un certain Maurice Alfred François Martin, artiste peintre. Ce nom et ces prénoms ne m’évoquaient évidemment personne en particulier. En revanche, j’ai pris l’habitude de faire une recherche rapide sur Internet de toutes les personnes que je trouve. Et c’est là que je découvre, par la magie d’Internet, que derrière ce nom et ces prénoms si communs se cachent pas moins que Martin Van Maele. Je ne le connaissais qu’imparfaitement, même si le nom ne m’était pas inconnu. À partir de ce moment, je suis parti à la découverte de cet illustrateur, car il était si proche des grands-parents, puis de la mère de Jean Genet. Mon objectif n’est clairement pas d’étudier son œuvre d’illustrateur érotique. D’autres le feront mieux que moi. En revanche, tout ce qui peut éclairer sa propre histoire familiale et l’histoire de la famille Genet a été exploré. C’est le résultat de ces recherches que je publie ici.

Les origines

La famille Martin est originaire d’Issoire dans le Puy-de-Dôme. Le premier ancêtre connu est Pierre Martin, armurier, né à Issoire le 7 mars 1774, fils de Pierre Martin, lui-même armurier1. De son mariage avec Françoise Bory, fille d’un perruquier, est né Pierre Martin le 3 thermidor an 13 (22 Juillet 1805). Délaissant le métier de ses ancêtres, Pierre Martin devient professeur de collège. On le trouve en 1838 professeur au collège de Mauriac, dans le Cantal. C’est alors qu’il se marie le 4 juillet de cette année avec Elise Leygonie, fille d’un marchand et propriétaire d’Argentat en Corrèze2. Un seul fils naît de cette union, Louis Martin, le 15 juillet 1839. Après quelques années passées à Mauriac, Pierre Martin devient professeur au collège de Cusset dans l’Allier (1845), puis à Sélestat (alors appelé Schelestadt) dans le Bas-Rhin, où, en 1851, ils habitent rue du Marteau, dans le centre-ville3. En 1852, la famille s’installe à Paris. Pierre Martin sera ensuite professeur d’Université.

Alfred Martin4

Alfred Martin est le père de Martin Van Maele. Fils de Pierre Martin et Élise Leygonie, il est seulement prénommé Louis à sa naissance. A un moment indéterminé, il prend le prénom d’Alfred, qui lui servira de prénom d’artiste. Très jeune, il montre une vocation artistique : « A quinze ans, il « dessinaillait » sur tous les bouts de papier. Son père le mit alors chez un M. Fagnon5, pour y apprendre la gravure sur bois. Le soir, il suivait un cours public de dessin. Ayant fini son apprentissage, il entra chez M. Meason6, graveur du Monde Illustré. »7

À peine entré dans la vie active, il se marie jeune avec Virginie Van Maele, une dentellière. Née à Bruges en Belgique le 7 janvier 1841, Virginie Mathilde Jeanne Van Maele est la fille d’Isidore Van Maele, employé d’assurances et d’Amélie Van Breedenraede8. Elle a au moins une sœur, Sabine Van Maele, épouse d’Elie Genilloud, employé à la Banque de France. Le mariage a lieu le 21 juin 1860 à la mairie du 1er arrondissement de Paris, car Virginie Van Maele est domiciliée au 10, rue des Moineaux. Quant à Alfred Martin, il habite alors avec ses parents à Vanves, en banlieue parisienne. Le jeune couple s’installe à Boulogne-sur-Seine9, où naissent leurs 2 enfants connus :
  • Fernand Isidore Pierre Hugues, né à Boulogne le 26 mars 1862, mort à Boulogne le 8 décembre 1866
  • Maurice François Alfred, né à Boulogne le 12 octobre 1863
Quelques années plus tard, entre 1876 et 1879, la famille s’installe à Paris, 39 rue Raynouard, dans le 16e arrondissement.

Signatures de Louis Martin et Virginie Van Maele au bas de leur acte de mariage.

Signature avec le prénom d’usage Alfred (9/6/1876)

Alfred Martin, d’abord graveur au service de Measom, devient ensuite son propre patron. Il fut le principal artisan du Monde illustré de 1877 à 1885. Ce journal, un des premiers hebdomadaires illustrés en France, a été créé en avril 1857 par Achille Bourdilliat. Il appartenait alors à Paul Dalloz10. Comme graveur, il participe aussi à des entreprises éditoriales comme l’Histoire de France, de Michelet, Quatre-vingt-treize, de Victor Hugo, d’après les dessins de Daniel Vierge ou Travailleurs de la mer, d’après les dessins de Chifflart, pour une partie des gravures. Pour le Monde Illustré, il grave les dessins de Daniel Vierge11. Au-delà de cette collaboration où le graveur se met au service de l’illustrateur, un lien familial unit les deux hommes. En effet, la propre sœur de Daniel Vierge, Dolorès Urrabieta y Vierge, épouse en 1887 à Madrid, le neveu d’Alfred Martin et Virginie Van Maele, Georges Genilloud.

À travers quelques actes, on voit se dessiner un réseau de graveurs sur bois. Alfred Martin était l’élève de Jules Fagnion. Lors du décès de ce dernier, un des témoins est Joseph [Burn]-Smeeton, 48 ans, graveur sur bois, Paris, 159 boulevard Montparnasse, qui a été le professeur d’Auguste Lepère. Celui-ci est un grand ami d’Alfred Martin. En 1887, l’adresse parisienne d’Alfred Martin est : « chez M. Tinayre, rue Montbrun, 21. » Il s’agit de Julien Tinayre, né à Issoire en 1859, un graveur sur bois du Monde Illustré. Lorsque Julien Tinayre se marie à Paris en 1889, les témoins sont Auguste Lepère et le directeur du Monde Illustré, Édouard Hubert. Enfin, quant à Daniel Vierge, dont on a déjà vu les liens personnels et professionnels avec Alfred Martin, il est accompagné lors de son mariage en janvier 1888 par 3 graveurs sur bois, Antoine Beltrand et Eugène Dété, qui habitent tous deux aussi au 21 rue Montbrun à Paris, comme Julien Tinayre, et Clément Bellenger. Eugène Dété gravera, entre autres, les illustrations de Martin Van Maele pour La sorcière de Michelet. Poursuivant les recherches, on pourrait probablement continuer ainsi à dessiner le réseau de ces graveurs dont le centre de gravité semble avoir été en même temps Le Monde illustré et Daniel Vierge.

Gravure d’Alfred Martin, d’après un dessin de Daniel Vierge, pour une édition de
 Quatre-Vingt-Treize, de Victor Hugo, Paris, impr. J. Claye, A. Quantin et Cie, s.d.


Détail de la signature d’Alfred Martin

En 1885, Alfred Martin est appelé à Genève pour diriger une classe de gravure sur bois à l’École cantonale des Arts industriels où l’on venait de créer un atelier. La technique de la gravure sur bois étant supplantée par de nouvelles techniques, cette classe est supprimée après une dizaine d’année. Il prend alors la direction d’une classe de dessin. Parmi ses élèves, on peut citer Edouard Vallet, Jules Fontanez, Henry-Claudius Forestier, Pierre-Eugène Vibert, Alexandre Mairet, Charles-Emile Egli, dit Carlègle Armand Cacheux, qui lui succède comme professeur, et, parmi les plus connus, François-Louis Schmied.

Malade et visiblement de santé fragile, il donne sa démission en 1902 et meurt le 22 avril 1903 à Genève, à l’âge de 63 ans12.

En parallèle de sa carrière professionnelle de graveur et de professeur, il est aussi peintre lors de ses quelques heures de loisirs. Ses premières œuvres datent des années 1865. Il n’arrêtera plus de peindre jusqu’à son décès. Une exposition rétrospective lui est consacrée en février 1904 à Genève, retraçant presque complétement son travail : « On avait réuni cent cinquante paysages, ébauches, études, tableaux de toutes les époques, depuis les premières pochades de Boulogne jusqu’aux peintures des derniers jours. Quelques gravures sur bois y avaient été jointes pour rappeler que ce peintre était un maître graveur. »13. La ville de Genève y a acquis deux tableaux : La pointe de Chalonnes et Effet de neige à Passy. Probablement pour une question d’homonymie – il existe plusieurs artistes du nom d’Alfred Martin, dont un peintre, illustrateur, graveur sur bois et créateur d’affiches, d’origine belge (Liège, 1888-Stavelot, 1950) – il m’a été quasiment impossible d’identifier des œuvres visibles sur Internet.

Lors de l’annonce de l’exposition, il est tout aussi bien qualifié de « artiste aussi distingué que modeste et consciencieux », que de « charmant et [le] galant homme »14.

En 1870, Alfred Martin expose pour la première au Salon de la Société des Artistes Français, qui se tient au Palais des Champs-Élysées toutes les années en mai15. Il présente deux ensembles de gravures dont l’un provient de sa collaboration aux Travailleurs de la mer, de M. Victor Hugo, d’après des dessins de Chifflart et l’autre, de sa participation à l’Album du salon de 1869, de M. Boetzel. Toujours dans la section « gravure », il est présent en 1872, 1873, 1879, 1882, 1883, 1884 et 1885. En 1883, il reçoit une « Mention honorable » pour sa gravure : Habitation saharienne, d’après Guillaumet.  En 1879, pour la première fois, il présente deux peintures : Souvenirs des Moulineaux ; - étude et Au Bas-Meudon (Seine-et-Oise); - étude. Il est ensuite présent dans la section « peinture » en 1882, 1884, 1885, toujours avec des paysages de la région parisienne. Après son départ à Genève, il ne présente plus jamais de gravures, probablement parce qu’il n’en produit plus. Une seule fois en 1887, il est encore présent avec une peinture représentant un paysage proche de Genève : Un ravin du Jura. Alfred Martin était membre de la Société des Artistes Français.

« Alfred Martin, au physique le sosie du musicien Saint-Saëns »
A défaut de portrait d’Alfred Martin, portrait de Camille Saint-Saëns.

Martin Van Maele, les premières années

Les premières années de Martin Van Maele sont mal connues, même si on pressent que, très vite, il a suivi les traces paternelles. Lors du tirage au sort de la conscription de la classe 83, en 1884, il vit avec ses parentes au 39 rue Raynouard dans le 16e arrondissement de Paris. Il est déjà qualifié de dessinateur et son niveau d’instruction est 3 : « sait lire, écrire et compter ». Nous savons qu’il mesure 1,75 m. et qu’il connaît la musique vocale. Sa carrière militaire s’arrête-là car le conseil de révision l’exempte pour « faiblesse générale »16.

Acte de naissance de Maurice Martin, à Boulogne, le 13 octobre 1863 (Archives des Hauts-de-Seine).

La première mention publique de Maurice Martin se trouve dans le catalogue du Salon de 1882. Dans la section « Gravure », son père présente 2 œuvres, dont une gravure sur bois d’après un dessin de son fils : Atelier de graveur, premier dessin connu Maurice Martin et hommage au travail de son père.

Ensuite, après le départ de ses parents à Genève en 1885, Maurice Martin habite en 1887 un appartement au 1er étage donnant sur cour17, au 18 rue de Passy dans le 16e arrondissement de Paris.

Comme artiste, sa première manifestation publique connue est sa participation au Salon des Artistes français, qui a lieu au Palais des Champs-Élysées en mai 1888. Il a déjà choisi son nom d’artiste, qui le suivra toute sa vie : Martin Van Maele. Sous ce nom, il présente deux œuvres : Une forge au Caucase et Convoi de Circassiens, dans la section « Dessins, cartons, etc. »18. La petite notice qui accompagne chaque artiste nous apprend qu’il est l’élève de Daniel Vierge, dont on a vu les liens professionnels et depuis peu familiaux, qui le relient à Alfred Martin. Il habite alors au 15 rue de Passy, en face de son domicile précédent.19

Dans ce même salon et cette même section, juste avant lui dans la liste des personnes qui exposent, on trouve une artiste avec lequel il partage le nom de famille, le domicile et le professeur : Mme Alice Martin de Voos, née à Virieux-le-Grand (Ain), domiciliée 15, rue de Passy, élève de MM. Vierge et Belcroix20. Elle expose un dessin : Les mouettes, lac de Genève.

Explication des ouvrages de peinture et dessins, sculpture, architecture et gravure
 des artistes vivants exposés au Palais des Champs-Élysées. Le 1er mai 1888. (p. 270)

Un faisceau de présomptions nous laisse penser qu’il s’agit de Marie Françoise21 Genet, première mention de la future épouse de Martin Van Maele. Née à Virieu-le-Grand (Ain) le 17 juillet 1861, elle est la fille de François Genet et Marie Louise Pilloux. Elle a un frère, Philibert, né deux ans avant elle, le 2 avril 1859. Nous verrons que le frère et la sœur resteront très proches tout au long de leurs vies. Après le décès de leur mère le 16 juin 1866, leur père de remarie avec Clotilde Genet. À Virieu-le-Grand, naîtront Gabriel le 28 août 1870 et Léontine, le 15 juillet 1877. Suite aux mauvaises affaires de François Genet, épicier et fabricant de chaux à Virieu, qui se conclut par une faillite en 1878, la famille s’installe à Lyon. C’est là que naîtra Camille Genet, le 18 juillet 1888, la mère de Jean Genet, l’écrivain.

Encore présente à Lyon en 1881, Marie Françoise Genet s’installe à Paris où vit déjà son frère aîné. En 1883, elle est demoiselle de magasin, domiciliée rue Notre-Dame de Lorette, alors que son frère Philibert travaille comme comptable aux chemins de fer de l’Ouest. C’est lors de son mariage de celui-ci à la mairie du 17e, le 11 janvier 1887, avec Anne Marie Pourrat, que l’on trouve la première mention de Maurice Martin, comme témoin des jeunes mariés. Qualifié d’artiste dessinateur, il habite à Paris, au 18, rue de Passy. Les autres témoins donnent une indication sur le milieu artiste dans lequel évolue Philibert Genet, sa sœur Marie Françoise et Maurice Martin. En effet, on y trouve Pierre François Debrabant, un marchand de couleurs d’abord installé avenue de Clichy, puis à Belleville et Charles de Frondat qui s’est fait une petite réputation de caricaturiste. A la fin de l’Empire et au début de la IIIe République, il a inondé les journaux de portraits-charges des notabilités politiques, qu’il a ensuite rassemblés en recueils. Maurice Martin sera ensuite témoin à la naissance de la fille du couple, Alice, le 7 mars 1888, preuve de la proximité de Maurice Martin avec la famille Genet.

Comme on l’a vu, Maurice Martin et Marie François Genet se présentent comme mari et femme lors du Salon des Artistes français en mai 1888. Ils vivent ensemble. Cependant, du point de vue de l’état civil, ils ne sont pas mariés. Ils ont pourtant commencé à faire le nécessaire, car le père de Marie Françoise, François Genet, est passé le 9 mars 1888 devant un notaire lyonnais pour donner son consentement. Il faudra néanmoins patienter pour que l’union soit officielle. Est-ce que Alfred Martin et Virginie Van Maele étaient réticents pour autoriser ce mariage ? Est-ce un simple délai administratif ? Cette dernière explication paraît peu plausible car ce n’est que le 31 janvier de l’année suivante que les parents de Maurice Martin passent devant un notaire de Genève pour donner leur consentement. Cette autorisation reçue, les « jeunes mariés », qui se présentaient comme tels depuis au moins un an, régularisent rapidement la situation le 19 février 1889 à la mairie du 16e arrondissement. Ils habitent toujours ensemble, mais ils ont changé de domicile depuis le mois de mai 1888. Ils vivent au 3 de la rue Galilée22. Ils sont accompagnés par les 4 témoins réglementaires : Philibert Genet, le frère de Marie Françoise et deux artistes, exacts contemporains de Maurice Martin : le peintre Emile Brin23, plus connu sous le nom de Quentin-Brin, et le sculpteur Jules Jouant24. Le 4e témoin est plus inattendu, car il s’agit d’un marin, Arthur Chandler25. Les parents des mariés ne sont pas là.

Signatures au bas de l’acte de mariage du 19 février 1889.

Y-a-t-il eu des enfants issus de ce mariage ? Probablement pas. On n’en a pas trouvé trace dans l’état-civil parisien des 6e et 16e  arrondissements, ni dans les recensements de Varennes-Jarcy entre 1906 et 1936. Au moment de leurs décès, ils n’ont pas d’héritier direct.

Marie Genet, alias Alice Martin de Voos26 a-t-elle persévéré dans cette carrière d’artiste dont on trouve la trace dans le Salon de 1888 ? On ne le sait pas. On ne la retrouve pas dans les salons suivants, ni dans les autres salons où son mari a exposé. Faut-il l’identifier avec Mme de Voos dont quelques dessins gravés ont illustré des articles du Monde illustré, revue où ont longtemps officié son beau-père Albert Martin, son mari Maurice Martin et son professeur Daniel Vierge ? Ces dessins sont, par exemple, Les fêtes d’Heidelberg. – La grande tonne de 284,000 bouteilles dans les caves du château. (Composition et dessin de Mme De Voos), dans Le Monde illustré, n° 1533, 14 août 1886 ou La semaine sainte à Rome. – Le grand pénitencier à Saint-Jean de Latran. (Dessin de Mme de Voos) dans Le Monde illustré, n° 1879, 1er avril 1893. On trouve aussi des livres illustrés : ‎Au pays des farfadets, par S. de Cantelou, Paris, 1891, illustré de 40 dessins par Martin de Voos, Mondaine, par Hector Malot, Paris, 1891, etc.

Dans la liste des dessinateurs du Monde illustré, de 1893, on trouve simultanément Martin (Martin Van Maele ?)
 et De Voos (Alice Martin de Voos ?). Parmi les graveurs, on retrouve les noms de Tinayre, Beltrand, Dété, etc.

Les années parisiennes

Deux mois après son mariage, en mars 1889, Marie Genet et son frère Philibert vendent la maison de leurs grands-parents, le dernier bien qui les attache à Virieu-le-Grand. On apprend ainsi que les jeunes mariés habitent désormais au 26, rue Saint-Placide27 dans le 6e arrondissement dans un quartier où ils resteront jusqu’à ce qu’ils quittent Paris.

Gabriel Genet, serrurier, frère de Marie Genet, se rend le 29 janvier 1890 au bureau de recrutement de Paris 6e  pour s’engager dans l’armée pour 5 ans. Il a 19 ans. Il donne comme adresse le 26 rue Saint-Placide. Comme on le verra plus  tard pour le reste de la famille, il est alors probablement hébergé par sa demi-sœur et son beau-frère.

En 1891, Maurice et Marie Martin loue un appartement sur cour au 3 rue Jacob, toujours dans le 6e arrondissement28 : « Par l’escalier à droite dans la cour : 2e étage, palier à droite. N° 12 : Salle à manger : 1 fenêtre ; Cuisine : 1 fenêtre ; Pièce à feu : 2 fenêtres ; Pièce sans feu : 1 fenêtre ; Cabinet : 1 fenêtre ». Ils y resteront jusqu’en 1898.

Façade sur rue du 3, rue Jacob, Paris 6e

Façade sur cour

Cette même année 1890 (ou peut-être dès 1889), François Genet et Clotilde Genet viennent vivre à Paris. Trois des cinq enfants y vivent déjà. Plus rien ne les retient à Lyon. François Genet est peut-être déjà malade. En effet, le 14 juin 1892, il est admis pour fièvre à l’hôpital Beaujon, alors situé dans Paris au 208, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Il meurt quelques jours plus tard, le 7 juillet. Au moment de son admission à l’hôpital et de son décès, son adresse est le 3, rue Jacob, chez sa fille et son gendre. Ainsi, pendant quelques temps, le couple Genet est hébergé par leurs enfants. Ils ont probablement avec eux Léontine et Camille. Le 3, rue Jacob est aussi la première adresse de Gabriel Genet à son retour de l’armée début 1893. Ensuite, comme sa mère à partir de 1895, il habite son propre domicile. Lorsque Gabriel Genet se marie, c’est encore Maurice Martin qui est un des témoins. Le 18 avril 1896, il épouse Gabrielle Camille Durozé à la mairie de Montreuil dans la proche banlieue de Paris. On retrouve le milieu des artistes parisiens avec le frère de l’épouse, Fernand Durozé, né le 16 janvier 1876, peintre qui a eu une certaine notoriété29. En plus de Maurice Martin, Gabriel Genet est aussi accompagné du sculpteur Jules Jouant, que nous avons déjà rencontré. On peut penser que Maurice Martin a gardé un rôle et une proximité auprès du demi-frère de sa sœur. Il est probable que c’est lui qui a donné son prénom au premier fils du couple, Maurice Fernand, né à Montreuil en 1897. En 1900, il est aussi témoin pour le décès de leur fille Yvonne Alice.

Après la rue Jacob, Maurice Martin et Marie François Genet habitent au 5, rue Suger, toujours dans le 6e arrondissement (dates extrêmes connues : 28 septembre 1900 – 27 janvier 1903).

Traditionnellement, on fait débuter la carrière d’illustrateur par Les premiers Hommes dans la Lune d’Herbert George Wells, édité par Félix Juven en 1901. Pourtant, avant cette date, on trouve des travaux très clairement attribuables à Maurice Martin, certains sous son nom, d’autres en usant de son nom d’artiste Van Maele : Petits Métiers parisiens, par Guy Tomel, illustrations de Maurice Martin et Vavasseur, Paris, Fasquelle, 1898, ou un article illustré paru dans Le Magasin pittoresque, 1895 : Le pays des commissionnaires, signé Martin Van-Maêle.

Un autre aspect de son activité est fourni par ce compte rendu de la Commission du Vieux Paris, du 7 avril 1898 :
« M. Jules Périn dépose un album intitulé : Fortifications de Paris : patrie comprise entre le Point-du-Jour et la porte de Pantin (dont la démolition est projetée), album formé d’une cinquantaine de vues et aussi de dessins de l’auteur, publiés dans le Monde illustré et le Magasin pittoresque, d’après ses photographies.
Cet album a été composé par M. Maurice Martin, artiste peintre illustrateur, qui avait eu l’excellente idée de prendre ces aspects de l’enceinte fortifiée de Paris, en commençant par le Point-du-Jour (en passant par Billancourt, les portes de Billancourt, de Saint-Cloud, d’Auteuil, de Passy, de la Muette, des portes Dauphine, Maillot, des Ternes, de Courcelles, collecteur de Clichy, portes de Clichy, Montmartre, Clignancourt, La Chapelle, canal Saint-Denis, portes de Flandre, de La Villette, canal de l’Ourcq), pour arriver à la porte de Pantin, etc. Et M. Maurice Martin l’a prié d’offrir cet album à la Commission du Vieux Paris pour être déposé au musée Carnavalet.
[...]
M. Jules Périn offre, de la part de M. Maurice Martin, artiste peintre, des photographies — prises par lui de son appartement — des immeubles de la place Saint-André-des-Arts, n° 11 (encadrement de fenêtres Renaissance), rue des Poitevins, n° 6 (tour et tourelle) — qui doivent être démolis prochainement pour la rue Danton.
Ces photographies avaient été promises par M. Martin aux membres de la 1re Sous-commission lors de leur visite au quartier Saint-André-des-Arts. »

La place Saint-André-des-Arts est visible depuis le 5 rue Suger, qui était alors le domicile de Maurice Martin.

Maurice Martin ne devait pas se retrouver dans l’esprit du Salon organisé la Société des Artistes Français, car sa seule participation est celle de 1888, peut-être sous l’égide de son père. Quelques années après qu’un salon concurrent s’est mis en place en 1890, le Salon de la Société nationale des beaux-arts, il contribue en 1897 dans la section « Dessins, aquarelles, pastels, miniatures » avec trois illustrations des contes d’Edgar Poe : Le Roi Peste, Cœur révélateur et Le portrait ovale30. Dans tous ces salons, son ami Jules Jouant expose régulièrement, ainsi que, plus épisodiquement avant le début du siècle, Émile Quentin-Brin. A partir de 1903, on y trouvera aussi Fernand Durozé. Maurice Martin présentera encore des dessins en 1901, 1902, 1903 (dans la section gravure). Sa participation semble s’être interrompue à la fin de ses années parisiennes, qui est aussi le moment où il entame sa carrière d’illustrateur érotique.

Signature de Maurice Martin
20 octobre 1896

Le portrait ovale, reproduit p. 159 du Catalogue illustré des ouvrages de peinture,
 sculpture et gravure exposés au Champs-de-Mars. Le 24 avril 1897.


Varennes-Jarcy

Probablement pour s’éloigner de Paris et trouver un pied à terre où Maurice Martin puisse se consacrer entièrement à son œuvre d’illustrateur spécialisé dans les ouvrages érotiques, le couple s’installe à Varennes-Jarcy, une petite commune de l’Essonne qui était devenu la villégiature des Parisiens : « Aujourd’hui Varennes possède de belles propriétés qui servent de villégiature à de riches industriels parisiens. Chaque année de nouvelles villas s’élèvent sur le coteau dominant la vallée de l’Yères et d’où la vue s’étend au loin vers le plateau de la Brie. »31  Au même moment, on y croise l’écrivain Henri Pagat32, le graveur Oscar Roty33, le peintre et graveur Louis Morin34.

Canotage sur l’Yerres, à Varennes-Jarcy.
Alors qu’ils vivent encore à Paris, ils achètent un bois d’une vingtaine d’ares, près de la rivière d’Yerres en mai 190235. Ensuite, la première mention d’une domiciliation à Varennes-Jarcy est en mai 1903. Enfin, en juin 1904, ils signent un bail pour une belle maison à Varennes, route de Mandres36. Dans le bail, la maison est décrite : « Grand bâtiment d’habitation élevé sur caves, d’un rez-de-chaussée divisé en 2 cuisines, 2 salles à manger, 2 salons et couloirs, d’un premier étage divisé en 5 chambres et un cabinet de toilette et d’un grenier au-dessus. Fournil, grange et poulailler à côté. Grande cour devant, jardin planté d’arbres fruitiers derrière, dans lequel puits avec pompe. » Leur  installation devient définitive avec cette location qui court à partir du 1er juillet 1904. Ce même jour de juin, ils complètent le terrain déjà acheté par une petite parcelle de 40 m2 au bord de l’Yerres, dans le prolongement du bois37.

Vue actuelle de la maison habitée par Maurice Martin et Marie Genet
Route de Mandres à Varennes-Jarcy (Essonne)

Il faut peut-être rapprocher cette installation dans une grande maison avec des arrangements familiaux suite au décès de son père en avril 1903. En effet, le couple est rejoint par la grand-mère de Maurice Martin, Élise Leygonie, veuve Pierre Martin, et pas sa mère, Virginie Van Maele, veuve Alfred Martin. C’est ainsi qu’entouré par ces trois femmes, toutes trois liées entre elles par des relations belle-mère/belle-fille, Maurice Martin peut se consacrer à son œuvre érotique.

La grand-mère décède à Varennes-Jarcy le 8 novembre 1906, à l’âge de 94 ans. Un des témoins du décès est l’écrivain Henri Pagat.

La cohabitation du couple avec la mère ne se poursuit pas au-delà de 1911. Elle est ensuite accueillie dans une maison de retraite payante, située à Vineuil, près de Chantilly (Oise), ouverte vers 1910 par l’administration de l’Assistance publique de Paris38. En 1911, elle est simultanément recensée à Varennes-Jarcy, chez son fils, et à Vineuil, dans la maison de retraite.

Ensuite, jusqu’au décès de Maurice Martin, nous n’avons guère plus d’informations sur la vie du couple à Varennes-Jarcy. On les trouve régulièrement dans les recensements de la commune de 1906 à 1926, toujours dans la même maison. Maurice Martin est qualifié différemment selon les années : artiste-illustrateur (1906), imagier (1911), peintre illustrateur (1921) et enfin artiste peintre, en 1926, seule année où son nom d’artiste est cité : Maurice Martin, dit Van Maele.

Vue arienne de Varennes-Jarcy. La maison habitée par Maurice Martin est
celle dont on distingue le toit et une mansarde dans l’angle en bas à gauche

Au-delà des recensements, dans les actes d’état civil ou notariés, sa qualification a varié au fil du temps. Toujours qualifié de dessinateur jusqu’en 1904, il est ensuite qualifié d’illustrateur (1906, 1921). On voit aussi apparaître la mention d’artiste peintre en 1900, qualification que l’on retrouve en 1926. Comme une synthèse de sa vie, il est peintre et graveur dans son acte de décès.

Maurice Martin meurt le 5 septembre 1926 à Varennes-Jarcy, à quelques semaines de ses 63 ans. C’est son beau-frère, Philibert Genet, alors rentier à Lyon, qui va déclarer le décès à la mairie.

Il est enterré dans le cimetière de Varennes-Jarcy. Sa tombe s’y trouve toujours.


Au moment de son décès, Maurice Martin ne laisse rien, si ce n’est quelques meubles, dont la valeur est estimée à 53 000 francs39. Cette somme représente 33 556 € (valeur 2013). On peut s’étonner de la faible valeur de l’estimation et donc du patrimoine. Elle est basée sur la valeur assurée du mobilier, telle que mentionnée dans la police d’assurance. On peut imaginer que Maurice Martin possédait des œuvres de son père, ses propres œuvres, ses ouvrages illustrés et d’autres travaux personnels. Ils n’étaient probablement pas assurés. Le peu de patrimoine immobilier a disparu. Ils ont vendu le terrain au bord de la rivière qu’il possédait. Au moment du décès, la mère de Maurice Martin, Virginie Van Maele, vit toujours dans sa maison de retraite de Vineuil. Elle est alors âgée 85 ans. Comme elle est héritière pour un quart des meubles de son fils, Marie Genet se met rapidement d’accord avec elle et garde la totalité des meubles contre une rente annuelle de 200 francs40. Virginie Van Maele décède à la maison de retraite de Vineuil-Saint-Firmin (Oise) le 15 avril 1927 à l’âge de 86 ans.


Signatures des deux veuves Martin au bas de l’acte sous seing privé.

Marie Genet, maintenant veuve, vient rejoindre son frère Philibert et sa nièce Alice dans leur petite maison au 6 de la rue des Girondins à Lyon, signe du lien fort qui a toujours existé entre le frère et la sœur. Elle voit d’abord disparaître sa nièce, Alice Genet, restée célibataire, le 6 juin 1931, à l’âge de 53 ans, puis son frère Philibert, le 5 mai 1935 à l’âge de 76 ans. Dans son testament rédigé quelques mois avant, le 6 février, il lègue l’ensemble de ses biens à sa sœur, lui assurant ainsi une sécurité financière pour ses dernières années41. La déclaration de succession de Philibert Genet fournit une bonne « photo » de sa réussite42. La part la plus importante de son patrimoine est constituée d’un « tènement d’immeuble Lyon 29 avenue Leclerc et rue des Girondins, n° 2, 4, 6, 8 et 10, comprenant maisons d’habitation et hangars, bâtiments industriels en mauvais état, avec autre petite maison d’habitation d’un rez-de-chaussée construite en dalles, et terrain. Superficie : 3 900 m2. » L’ensemble est estimé 360 000 francs. Il loue ces bâtiments à différentes personnes pour un loyer annuel de 24 000 francs. Il possède aussi du mobilier, une automobile Peugeot 301, un compte en banque, différentes actions et obligations, pour un total d’un peu moins de 13 000 francs. Au total, son avoir au moment de son décès est de 397 000 francs et surtout, il bénéfice d’un revenu régulier43. Dernier signe qu’il est vraiment passé du côté des « possédants », il a eu l’occasion de souscrire une assurance pour gens de maison !

La maison de Philibert Genet, 6, rue des Girondins, Lyon 7e,
où Marie Genet, veuve Martin, a vécu de 1926 jusqu’à son décès en 1939.

Marie Françoise Genet, veuve Maurice Martin, meurt quelques années plus tard, à la veille de la guerre, le 23 juillet 1939, quelques jours après ses 78 ans. N’ayant elle-même pas d’héritiers, elle lègue l’ensemble de ses biens à ses deux neveux survivants, tout du moins aux deux qu’elle connaît, Maurice et Germaine Genet, les enfants de son demi-frère Gabriel, preuve s’il en est que les liens familiaux étaient restés assez forts malgré la dispersion des enfants. L’ensemble des immeubles de la rue des Girondins est alors vendu en mars 1940 et les meubles sont dispersés aux enchères par Me   Vabre, commissaire-priseur à Lyon, le 10 avril 1940. Si Marie Genet avait gardé des œuvres et des archives de son mari, ont-elles été dispersées à ce moment-là ?

Notes

1 Nous n'avons pas fait de recherches généalogiques exhaustives sur les ancêtres de Pierre Martin à Issoire. Au fil des recherches, on trouve un Jean Martin, armurier, cité en 1689, André Martin, armurier, en 1724, etc. Parmi les enfants de Pierre Martin et Françoise Bory, deux de ses fils seront armuriers : Jean et un autre fils aussi prénommé Pierre. On suit donc des Martin armuriers à Issoire pendant presque deux siècles. Pierre Martin est décédé à Issoire le 12 mai 1853 à son domicile de la rue du Pont. 

2 Élise Éléonore Leygonie, né à Argentat (Corrèze) le 16 septembre 1812,  fille de Louis Leygonie, propriétaire et marchand, Argentat et Marie Jeanne Bouiges. 

3 La famille est recensée en 1851 à Sélestat, dans le Quartier Blanc, rue du Marteau, maison 10, ménage 26, composé de Pierre Martin, 46 ans, professeur, Elise Leygonie, femme Martin, 37 ans, « femme vivant du travail de son mari » et Louis Martin, 12 ans, fils, étudiant. Ils sont logés dans la maison du boulanger Joseph Braunstein. 

4 La plus grande partie des informations sur Alfred Martin, ses origines, sa vie provient de la notice que lui a consacrée David Estoppey : Notes sur Alfred Martin, peintre et graveur, dans Nos Anciens et leurs œuvres. Recueil genevois d'art, Ve année, 1905 (pp. 24-28). La notice que lui consacre A.-J. Mayor dans Schweizerisches Künstler-Lexikon, Dictionnaire des Artistes Suisses, Vol. 4, 1917 (pp. 295-296) apporte des informations complémentaires fournies par la veuve d'Alfred Martin.

5 Jules Fagnion  (Paris 16/11/1813 - Paris 14e 2/1/1866), graveur sur bois.

6 Il doit s'agir de William Frederick Measom (1813-18..).

7 op. cit. 

8 Isidore Van Maele est né vers 1806. La date de son décès est inconnue. Amélie Françoise Van Breedenraede, née à Bruges en 1816, est décédée à son domicile, au 37 rue Raynouard, Paris 16e, le 18 mars 1877. 

9 Aujourd’hui Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine. Les adresses connues à Boulogne sont : 21 rue d'Aguesseau (1862, 1863), 70 rue des Tilleuls (1866-1873), 4 rue de l'Abreuvoir (1876). Les parents d’Alfred Martin les ont rejoints à Boulogne. Son père Pierre Martin meurt au 15 rue d'Aguesseau le 6 juin 1881 à 75 ans. 

10 La presse illustrée au XIXe siècle, une histoire oubliée, par Jean-Pierre Bacot, 2005, pp. 76-79

11 Daniel Urrabieta Ortiz y Vierge dit Daniel Vierge (Madrid 5 mars 1851 - Boulogne-sur-Seine 10 mai 1904) est un illustrateur, peintre, dessinateur et aquarelliste d'origine espagnole. En 1870, à l'invitation de Charles Yriarte, il travaille pour Le Monde illustré, dont il devient, avec Edmond Morin l'un des illustrateurs vedettes. En 1874 il s'oriente vers l'illustration de livres : Victor Hugo, Chateaubriand, Jules Michelet, Francisco de Quevedo y Villegas, etc. (Source : Wikipédia et Daniel Vierge, sa vie, son œuvre, par Jules Adolphe de Marthold, 1906).

12 En 1887, son adresse à Genève est 29, chemin du Nant. 

13 op. cit. L'article de David Estoppey est justement publié à l'occasion de cette exposition.

14 La Semaine littéraire. Douzième année, n° 528, samedi 13 février 1904 [journal genevois, paraissant le samedi] (p. 79). Dans cet article, il est ajouté qu'il «  faisait alors partie de cette brillante phalange d'interprétateurs et de créateurs qui entourait le maître réputé, Daniel Vierge. »

15 Toutes les informations de cette partie proviennent des relevés dans les catalogues des salons (1867-1900) consultables sur Gallica, Archive.org ou Googlebooks : Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie exposés au Palais des Champs-Élysées. Le 1er mai 18...

16 Paris, 16e, liste du tirage au sort : D1R1 448 (Archives de Paris). 

17 Les calepins du cadastre de Paris (Archives de Paris) sont une source précieuse sur les différents immeubles habités par Maurice Martin. Calepin Rue de Passy, 1876 (D1P4 854), n° 18. L’appartement loué pour 360 francs en 1887 est composé d’une entrée, d’un cabinet d’aisance, d’une cuisine, d’une salle à manger et d’une « pièce à feu ». Il se trouvait dans un bâtiment sur cour, appartenant à un ensemble, qui a été remplacé depuis par un groupe d’immeubles modernes.

18 Explication des ouvrages de peinture et dessins, sculpture, architecture et gravure des artistes vivants exposés au Palais des Champs-Elysées. Le 1er mai 1888, 1888, p. 270.

19 Calepin Rue de Passy, 1876 (D1P4 854), n° 15. Maurice Martin loue un appartement au 1er étage sur rue, composé d’une entrée, d’une cuisine et de 3 « pièces à feu ». Le loyer annuel est de 400 francs. La période d’occupation court de 1888 à 1890, mais nous verrons que dès 1889, il n’y habite plus. D’ailleurs, une mention au crayon indique que l’appartement est sous-loué. L’immeuble existe toujours. 

20 Nous n’avons pas trouvé trace d’un artiste de ce nom. Nous l’avons donc identifié avec Ernest Bellecroix (Ernest Jacques Marie Gatteclou, dit Bellecroix), née à Alençon (Orne) le 12 mars 1836. D’abord illustrateur, spécialisé dans la chasse et la faune, il devient directeur de La Chasse illustrée en 1876, qu’il développera, jusqu’à son décès à Asnières (Hauts-de-Seine) le 18 février 1901. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages illustrés sur la chasse. Malgré cela, ne nous étonnons pas qu’il ait aussi eu des élèves. Dans le même salon de 1888, il est professeur d’Emile Bogaert, dessinateur, né en 1861.

21 Il y a une incertitude sur le prénom d'usage. La première signature connue de Marie Françoise Genet ne fait apparaître que Françoise (décembre 1880). C'est aussi le seul prénom utilisé dans le recensement de 1881 ou dans la mutation après décès de sa grand-mère (1876), comme si Françoise était le prénom de la première partie de sa vie jusqu'à son départ pour Paris. Lors de son mariage, elle signe M. F., ainsi que dans plusieurs actes de cette époque. Ensuite, dans le recensement de 1906, elle est prénommée Marie Alice, puis dans les recensements de 1911 à 1936, le prénom est toujours Marie, comme dans sa signature sur un acte de 1904. J'ai donc retenu ce prénom comme prénom d'usage. Mon hypothèse est qu'elle a utilisé Alice comme prénom d'artiste, prénom qui a servi à prénommer sa nièce Alice Genet.

22 Calepin Rue Galilée, 1876 (Archives de Paris D1P4/476). A cette date, le 3 rue Galilée, qui est un hôtel particulier, est loué par le prince Romuald Giedroyc, chambellan de S. M. l'Empereur de Russie (1842-1899). Lors du même salon de 1888, ce prince expose comme sculpteur un buste en plâtre : Portrait de S. M. l'empereur Alexandre III, de Russie. Nous n’avons pas réussi à en savoir plus sur les liens entre Maurice Martin et le prince Giedroyc, ni, a fortiori, sur les raisons de sa domiciliation chez lui, avec Marie Françoise Genet. 

23 Emile Léon Quentin Brin (Paris (17e) 2 juin 1863 - Paris (17e) 31 juillet 1950), est un peintre connu sous le nom de Quentin-Brin. Artiste prolifique il est l'auteur de très nombreux nus féminins à l'érotisme un peu vaporeux. Il semble avoir fait de la femme son sujet de prédilection. Il expose pour la première fois en 1888 au Salon des Artistes français, puis au Salon des indépendants et au Salon d'Automne. Il expose régulièrement à la Société nationale des Beaux-Arts et au Salon d'Hiver jusqu'à son décès. Il est fait chevalier de la légion d'honneur le 15 juillet 1949. Son dossier, consultable sur la base Leonore, fournit de nombreux renseignements sur sa carrière. Pour l'anecdote, son père Arthur, avec son frère jumeau Quentin, ont été condamnés en 1866 pour « délit d'outrage à  la morale publique et aux bonnes mœurs, en vendant et distribuant des photographies obscènes. ». 

24 Auguste Jules Alphonse Jouant, né à Paris le 19 juin 1863, est un sculpteur français. Notice Wikipedia : « Jules Jouant est un sculpteur français qui produisit essentiellement des œuvres de style art nouveau. Il a travaillé avec Auguste Rodin. Il fit de remarquables bustes de Richard Wagner, Frédéric Chopin et Ludwig van Beethoven, et de nombreuses statues. Il a également produit de petits objets, comme des vide-poches, des coupe-papier, des clochettes de table, mais également des vases, urnes, lampes, et plafonniers typiques du style art nouveau, avec ses formes végétales. » Lors de son mariage à Paris (16e) le 20 octobre 1896, ses témoins sont Maurice Martin et un autre sculpteur, Auguste Ledru. 

25 Nous l'avons identifié comme étant Arthur Ernest Chandler, né à Dunkerque le 2 septembre 1862, fil naturel reconnu d’Arthur Chandler, avocat, St-Saviour-Surrey, district de Ste Mary Newington, comté de Surrey (Angleterre). Lors du mariage de Maurice Martin, il est marin, domicilié au 40 rue de Passy à Paris. Lorsqu'il se marie à Rosendaël (Nord) le 4 décembre 1894, il est maître au cabotage à Rosendaël. Cette identification reste hypothétique. Elle se fonde sur une similitude de signatures et une cohérence dans les âges. 

26 Martin de Voos serait le pseudonyme qu'elle a choisi pour se différencier de son mari. Il fait probablement référence au peintre maniériste flamand Martin de Voos, généralement orthographié Marten (ou Maarten) de Vos, né à Anvers vers 1532, mort en 1603.

27 Calepin Rue Saint-Placide, 1876 (D1P4 1056). Appartement au 3e étage sur rue, composé de 3 « pièces à feu » avec 2 fenêtres sur rue. Maurice Martin est locataire à partir de 1889, pour un loyer annuel de 500 francs.

28 Calepin Rue Jacob, 1876 (Archives de Paris D1P4 559). Les Martin louent à partir de 1891 pour un loyer annuel de 620 francs, puis en 1897 pour 520 francs. Un autre locataire occupe l'appartement en 1898. 

29 Fernand Durozé (Paris 20e 16 janvier 1876 – Bazarnes (Yonne) 28 septembre 1961). Après son baccalauréat obtenu au lycée Arago de Paris, il entre à 17 ans à l'École Nationale des Beaux-Arts de Paris. Élève du peintre Gérôme, il commence avec un style classique, mais évolue peu à peu avec les changements du XIXe siècle : impressionnisme, pointillisme et expressionnisme. En 1905, Durozé présente son travail pour la première fois au Salon des Beaux-Arts de Paris. A la fin de sa vie, Durozé se retire volontairement des cercles artistiques parisiens, de ses amis, et détruit même certaines de ses œuvres. Une eau-forte de l’une œuvres érotiques majeures de Martin Van Maele : La Grande Danse Macabre des Vifs, publiée en 4 livraisons (« dixains ») vers 1905, est dédicacée à Fernand Durozé.

30 Catalogue illustré des ouvrages de peinture, sculpture et gravure exposés au Champs-de-Mars. Le 24 avril 1897. p. XXXVI. Toutes les informations de cette partie proviennent des relevés dans les catalogues des salons (1890-1908) consultables sur Archive.org (sauf 1898 et 1900).

31 A l'occasion de l'Exposition universelle de Paris en 1900, le ministère de l'Instruction publique demande à chaque directeur d'école de rédiger une monographie sur sa commune afin de dresser un tableau de l'état de l'enseignement primaire. Celle de Varennes, dont est extrait ce passage (p.30) est numérisée sur le site des Archives de l'Essonne. Elle est datée du 25 septembre 1899 et signée de l'instituteur.

32 Henri Pagat (Paris 11 janvier 1856 – Paris 13 octobre 1919) est un écrivain qui « a publié plusieurs romans d'observation gaie et de satire politique » dont le plus connu est Le Baron Pangorju, 1884. Il possédait une maison de villégiature route de Mandres, proche du domicile de Maurice Martin. 

33 Oscar Roty (Paris 11 juin 1846 - Paris 23 mars 1911) est un graveur français, surtout connu pour La Semeuse, utilisée sur les pièces de monnaie et les timbres postaux. Il possédait une propriété à Varennes-Jarcy. 

34 Louis Morin (Paris 5 août 1855 - Migennes (Yonne) 2 juin 1938) est un peintre, graveur, illustrateur et publiciste, fondateur de la Société des dessinateurs humoristes et membre du Club des Hydropathes (source BNF). Il habitait Varennes-Jarcy, rue de Vaux-la-Seine (première mention dans le recensement de 1906, comme Maurice Martin). Son ouvrage Les Dimanches parisiens. Notes d'un décadent (1898) illustre bien la vie de ces Parisiens à la campagne. Il était suffisamment lié à Maurice Martin pour que celui-ci lui dédie une des planches de La Grande Danse Macabre des Vifs, publiée en 4 livraisons (« dixains ») vers 1905. 

35 Répertoire Me Auguste Fabre, notaire, Brunoy (Archives de l’Essonne, répertoire numérisé : N° 221, 9 mai 1902 : Vente par la Vve Louis François Guillaume, née Maria Augustine Seguin de Combs-la-Ville à Maurice François Alfred Martin, Paris, 5, rue Suger, de 21 a. 10 ca. d'un bois à Varennes, lieu-dit La Citadelle, moyennant 2 000 francs dont 1 000 francs comptant. 

36 Bail du 4 juin 1904 devant Me Fabre, notaire, Brunoy, mai-juin 1904 (Archives de l’Essonne 2E82/358) d'Albert Emile Dauvergne, cultivateur, Combs-la-Ville (Seine-et-Marne) à Maurice François Alfred Martin, dessinateur et Mme Marie Françoise Genet, son épouse. Bail de 3, 6 ou 9 ans qui commence à courir le 1er juillet 1904. Loyer annuel de 525 francs, payable par semestre, termes échus, les premiers janvier et juillet de chaque année. 

37 Vente des 8 mai et 4 juin 1904 devant Me Fabre, notaire, Brunoy, mai-juin 1904 (Archives de l’Essonne 2E82/358) par Louis Oscar Roty, artiste graveur, commandeur de la Légion d'Honneur pour le prix de 100 francs.

38 La revue philanthropique, tome XXVI, 13e année, novembre 1909-avril 1910, p. 502 : « L'administration de l'Assistance publique de Paris vient d'ouvrir une nouvelle maison de retraite réservée aux femmes seules, valides, âgées d'au moins cinquante ans, habitant le département de la Seine. Située à Vineuil, près de Chantilly (Oise) (ligne du Nord), à proximité de la forêt et du château, dans un très beau site, cette maison, confortablement aménagée, renferme des chambres particulières et des dortoirs où les pensionnaires sont isolées par des séparations. Le prix de la pension annuelle, garantie par un dépôt de titres ou une rente viagère, est de 300 francs en chambre et de 250 francs en dortoirs. Ce prix comprend : le logement, le chauffage, l'éclairage, la nourriture et le blanchissage; les frais d'entretien personnel, évalués à 150 francs par an, restent seuls à la charge des pensionnaires. » Elle est située 37 rue de la duchesse de Chartres. C'est devenu un programme immobilier : « Résidence duchesse de Chartres ». 

39 Déclaration de mutation par décès, 8 février 1927, n° 75, bureau de Yerres (Archives de l’Essonne 3Q13/76). Conversion en euros sur la base du pouvoir d'achat du franc en euro fourni par l'INSEE sur leur site.

40 Actes sous seing privé, bureau de Yerres, 4e trimestre 1926, Archives de l’Essonne 3Q13/4. Enregistrement du 26/10/1926.

41 Dépôt de testament olographe, 16 mai 1935. Minutes Me Théodore Ravier, Lyon, mai-juin 1935 (Archives du Rhône 3E37716). Le testament olographe est daté de Lyon, 6 février 1935, et signé Ph. Genet.

42 Déclaration de mutation par décès, 28 octobre 1935, n° 1030, 3e bureau de Lyon (Archives du Rhône 3Q33/704) et 30 octobre 1936, n° 1018, 3e bureau de Lyon (Archives du Rhône 3Q33/709). 

43 Selon les tables de conversion de l’INSEE, 24 000 francs de 1936 représentent un revenu annuel de 17 150 €  (valeur 2013) et 397 000 francs représentent un patrimoine de 284 000 € (valeur 2013).

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