dimanche 9 septembre 2018

La Mort d'Adonis, Martin de Vos

Le lien entre le peintre Martin de Vos et Jean Genet n'est pas immédiat. Ce peintre flamand, né à Anvers en 1532 et mort dans la même ville en 1603, a pourtant inspiré Marie Françoise Genet, la tante de Jean Genet, l'épouse de Martin Van Maele, au moment de se choisir un pseudonyme. C'est sous le nom d'Alice Martin de Voos qu'elle a exposé une œuvre au Salon des artistes français de 1888 : Les Mouettes, lac de Genève. C'est sous ce même nom qu'elle a signé les illustrations de quelques ouvrages à la même époque.



La visite du château de Blois m'a permis de découvrir un tableau de ce petit maître flamand, La Mort d'Adonis. C'est l'occasion de se souvenir de ce curieux point de l'histoire de la famille de Jean Genet. Ce rappel est d'autant plus plaisant que la représentation d'Adonis me semble particulièrement homo-érotique, même si cet érotisme "gay" n'est pas celui de Jean Genet.

Notice Wikipédia de Martin de Vos.

vendredi 13 octobre 2017

Félicie Paris, épouse Roger, la première nourrice de Jean Genet

J'ai déjà eu l'occasion de livrer l'état de mes recherches sur la première nourrice de Jean Genet, Félicie Paris, épouse Roger. Vous pouvez y accéder grâce à ce lien : cliquez-ici.

J'ai rédigé une article qui fait la synthèse de toutes les informations que j'ai collectées, dont l’identification de la première maison où a vécu Jean Genet. Il est consultable sur ce site à la page "La première nourrice de Jean Genet". On peut aussi le télécharger sous un format pdf : cliquez-ici.

Lien vers la généalogie complète de Félicie Paris : cliquez-ici.


Bonne lecture

dimanche 29 janvier 2017

Jean Genet en nourrice

La persévérance finit souvent par payer. J'ai enfin identifié de façon certaine la maison où le nourrisson Jean Genet a passé ses premiers mois, de janvier à juillet 1911. Placé en nourrice dès sa naissance, il est confié à Félicie Paris, épouse Roger, qui vivait avec son marie Hilaire Roger et leurs enfants Raymonde (6 ans) et Louis (3 ans) dans le petit village de Santeuil dans l'ancienne Seine-et-Oise, aujourd'hui dans le Val d'Oise.

La maison se situe à l'entrée du village, au début de la rue qui s'appelle maintenant la rue de l’Église. C'était alors la Grande Rue.


C'est la maison au centre de la photo. La famille habitait le 1er étage.


Pour la situer autrement, sur ce plan de 1899, je l'ai indiquée par une flèche.




C'est cette indication, trouvée dans un registre de l'enregistrement des baux qui me permet, en croisant l'information avec les données du cadastre, d'être certain de cette identification.


Hilaire Roger louait donc un logement de 5 pièces au 1er étage de cette maison, pour 250 francs par an. La location débuta au 1er septembre 1910, soit quelques mois avant la naissance de Jean Genet et son placement en nourrice.

Je me tiens à la disposition de ceux qui voudraient plus de détails "techniques" sur cette identification.

Je remets ces vues anciennes du village, sur lesquelles on ne voit malheureusement pas cette maison.



mercredi 4 janvier 2017

Une lettre de la première nourrice de Jean Genet

Pour commencer cette nouvelle année, je vous offre une lettre écrite par la première nourrice de Jean Genet, Félicie Roger, née Paris.



Certes, cette lettre ne concerne pas directement Jean Genet, mais il est toujours émouvant de découvrir la trace de cette femme qui, la première, s'est occupée de Jean Genet. Elle l'a accompagné pendant les 6 premiers mois de sa vie, avant qu'elle soit amené à le restituer à sa mère, Camille Genet, qui a dû ensuite le confier à l'Assistance Publique.

J'espère pouvoir terminer cette année le travail biographique que j'ai entamé sur Félicie Roger.

jeudi 8 décembre 2016

Une sympathique reconnaissance de mon travail

Dans le dernier numéro de La Revue française de Généalogie, un encart m'a fait très plaisir, d'autant plus que je ne m'y attendais pas.



A défaut d'avoir attiré l'attention des spécialistes de Jean Genet, que mes recherches ont l'air de laisser complétement indifférents, je suis heureux de voir que mon travail est reconnu.

Je remercie Pierre-Valéry Archassal, ainsi que La Revue française de Généalogie, revue que je recommande aux passionnés de généalogie.


dimanche 3 juillet 2016

Rapprochement troublant

Martin Van Maele est le beau-frère de Camille Genet, la mère de Jean Genet. Il est passé à la postérité comme illustrateur plus particulièrement spécialisé dans les ouvrages érotiques. Or, parmi sa production, un titre présente un rapprochement troublant avec son histoire personnelle : Camille et moi, étrange par le thème de l'ouvrage, par son illustration et par les coïncidences que l'on peut y trouver.


Comme on le voit sur la page de titre, l'ouvrage a paru dans la collection « La Flagellation à travers le Monde ». L'auteur affiché est Jean de Villiot, Martine Van Maele contribuant pour l'illustration en  fournissant 20 aquarelles, dont celle reproduite ci-dessus.


Il a été publié en 1904, par Charles Carrington, un libraire spécialisé dans les ouvrages érotiques, avec visiblement un intérêt tout particulier pour la flagellation (voir la notice Wikipédia : cliquez-ici).

Ce qui n'est pas dit est que cet ouvrage est la traduction d'un livre anglais Frank and I, ouvrage anonyme paru en 1902. Quant à l'histoire, la préface nous en dit le principal :
Gentleman superbement renté, en possession de satisfaire tous ses caprices, habitant seul un vieux manoir où de nombreux domestiques le servent comme on servait autrefois, il cueille un jour sur la route, au retour d'une partie de chasse, un délicieux petit vagabond.
Le beau gamin est couvert de poussière, il est las, mais ses vêtements trahissent une condition qui rend son escapade mystérieuse ; ses gestes sont empreints d'une élégance rare, sa voix est charmante, ses yeux doux et profonds.
Le gentleman a bon cœur. Il hospitalise l'enfant. Il le réconforte, l'habille, le nourrit, le garde. Il l'élève, l'instruit... le fouette. Oh! très correctement, très pédagogiquement. Nul émoi n'agite son cœur solide et ses sens très normaux au conspect de la tendre chair qu'il dénude... jusqu'au jour où, sous les coups donnés plus sévèrement que de coutume, le gamin, qui se remue avec désespoir, laisse apercevoir son... secret.
Camille – nom bisexuel – était un prénom féminin.
Et la scène change étonnamment.
Le fouet donné par devoir sera donné par passion, toujours correctement, toujours avec de sérieux motifs, mais aussi avec une joie de plus en plus intense, à mesure que la fille, sous son déguisement garçonnier, conservé par crainte du scandale, s'affirme la femme délicieuse qu'elle est en train de devenir.

Les points de coïncidence sont
- le prénom de l'enfant qui s'avère être une fille, Camille, comme Camille Genet.
- l'âge du « jeune garçon » qui est de 15 ans au moment de la rencontre, âge de Camille Genet en 1903.
- sa situation au moment de la rencontre, orphelin de père et de mère, comme Camille Genet en octobre 1904.
- la différence d'âge entre le narrateur et l'enfant, même si elle était plus importante entre Martin Van Maele et Camille Genet (25 ans) qu'entre le narrateur et son/sa protégé (15 ans).
- et enfin la date de parution, 1904, qui est la date où Martin Van Maele et son épouse Marie Genet ont peut-être pris en charge la petite sœur orpheline de Marie Genet.


Après avoir dit cela, en conclure que cet ouvrage comporte des aspects autobiographiques de la vie de Martin Van Maele et Camille Genet serait donné trop de signification à ce qui ne sont peut-être que de simples coïncidences. Néanmoins, découvrir que Martin Van Maele a illustré un ouvrage qui s'appelle Camille et moi est pour le moins troublant, surtout lorsqu'on pense qu'il a fallu trouver un prénom francisé pour traduire le Frank de l'édition originale. Si on avait voulu un prénom « bisexuel », pour reprendre le terme de la préface, pourquoi ne pas choisir Claude ou Dominique. Non, ils ont préféré Camille... Je dis « ils » car il s'agit d'un travail collectif. Selon Pia, Jean de Villot est le pseudonyme collectif de Hugues Rebell, Hector France et Charles Carrington. Martin Van Maele, qui avait déjà collaboré avec cet « auteur », était peut-être englobé dans ce pseudonyme collectif.

Signature de Martin Van Maele

vendredi 17 juin 2016

Une brique de plus dans l'histoire de la vie de la mère de Jean Genet.

Tout le monde connaît le principe de la nouvelle d'Edgar Poe, La lettre volée. Ce que l'on cherche et que l'on croit bien caché se trouve peut-être devant vous. Pour ceux qui se demandaient où vivait la mère de Jean Genet avant qu'elle vienne à Paris accoucher à l'hôpital Tarnier, l'information se trouvait sous les yeux de tous lors de l'exposition du MUCEM, "Jean Genet, l'échappée belle".

Dans une des vitrines, se trouvait la page de garde du dossier de secours créé suite à la première demande de Camille Genet en février 1911. Ce document a déjà été exploité par Albert Dichy et Pascal Fouché dans leur ouvrage Jean Genet, matricule 192.102. Il était exposé à la vue de tous. Il est reproduit dans le catalogue, où je l'ai photographié.

Que voit-on ?



Dans la rubrique : "Domicile actuel de la mère", on voit qu'elle  vivait depuis 6 mois au 1 rue Broca, à l'hôtel, ce qui a déjà été publié. Dans la rubrique : "Domiciles antérieurs remontant au moins à un jour.  Durée de séjour à chaque domicile.", on lit cette simple mention : "Varennes". Certes, de façon brute, cette information est difficilement interprétable. Il y a de nombreux lieux s'appelant Varennes en France. On compte pas moins de 33 communes contenant Varennes dans leur nom, dont 8 qui s'appellent simplement Varennes. En revanche, lorsqu'on sait qu'en 1910, Marie Genet, sœur de Camille Genet (la demi-sœur, pour être précis) et son mari Maurice Martin (connu sous le nom de Martin Van Maele) vivaient depuis 1904 à Varennes, en Seine-et-Oise, on peut conclure sans grand risque d'erreur que Camille Genet vivait à Varennes auprès de sa sœur et de son beau-frère. Dans quelle condition ? Cela reste à déterminer. Vivait-elle chez eux depuis le décès de sa mère en 1904 ? Mais, on ne la trouve pas recensée avec eux en 1906. Vivait-elle proche d'eux, travaillant déjà comme lingère ? Cela reste à déterminer.

La commune de Varennes en Seine-et-Oise  s'appelle maintenant Varennes-Jarcy, dans l'Essonne.

Peu à peu, par cette simple mention, une brique de plus dans l'histoire de la mère de Jean Genet se met en place.

Maison où vivait Maurice Martin et Marie Genet de 1904 à 1926 à Varennes-Jarcy.

La morale de l'histoire : " Quand les informations sont visibles par tous, encore faut-il les voir."